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L'effroyable imposteur
L'effroyable imposteur
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3 décembre 2006

LDH : L'orientation problématique confirmée

L’élection de Jean-Pierre Dubois au poste de président de la La ligue des droits de l’homme est tout sauf une rupture avec la ligne problématique de l’association. Lui qui prétend vouloir donné des leçons aux féministes, en particulier à Ni putes ni soumises, combat la seule conception de la laïcité capable de faire barrage à l'antiféminisme des religieux...

Vice-président de la LDH depuis plusieurs années, Jean-Pierre Dubois fait partie des militants favorables à une « laïcité ouverte », entendez plus ouverte au religieux et surtout à l’islam façon Tariq Ramadan.

Il a notamment écrit un texte, « La laïcité au défi du pluralisme culturel » où il plaide pour une adaptation de la laïcité en fonction des nouvelles demandes communautaires portées par l’islam, et en creux pour l’acceptation du voile à l’école : « être laïque aujourd’hui, c’est d’abord lutter contre les atteintes à la liberté de conscience — et en particulier à la liberté religieuse — et à l’égalité dans l’exercice de cette liberté. »

Ce texte est paru dans Hommes et libertés n°113/114 en juin 2001. Il s’agit des actes d’un colloque de la 6e université d’automne de la Ligue à Paris organisée le 19 novembre 2000. Parmi les intervenants phares : un certain Tariq Ramadan.

Le ton de ce colloque était donné par le carton d’invitation, qui parle d’interroger le « principe de séparation radicale » que représente la laïcité. Mais la présence de philosophes laïques convaincus, comme Henri Pena-Ruiz, peut donner le sentiment d’un certain équilibre. Il n’en est rien. L’ambiance se refroidit lorsque Henri Pena-Ruiz, qui a étudié tous les grands penseurs ayant plaidé pour une conception philosophique rationnelle, fait l’éloge d’Averroès. Ce jour-là, Tariq Ramadan s’énerve et se dévoile : « Je vous interdis de parler de MA culture ! » Cette sortie et surtout sa violence jettent un froid. Henri Pena-Ruiz, qui n’a jamais compris la culture autrement que comme un savoir universel, lui répond d’un air étonné : « Mais monsieur, que veut dire cette conception possessive de la culture. La culture appartient à tout le monde. Moi, je vous offre Voltaire et Rousseau, ce n’est pas MA culture, c’est LA culture ! » La salle applaudit à tout rompre. A la tribune, en revanche, Michel Tubiana et Driss el-Yazami font les gros yeux à Henri Pena-Ruiz. Tubiana le prie même fermement de s’abstenir d’intervenir durant la suite du débat.

Les actes du colloque parus Hommes et libertés dans sont à cette image. Dans son texte, Tariq Ramadan interdit à quiconque d’obliger les musulmans à vouloir intégrer le modèle laïque universel. Ce qu’il présente comme « un relent de colonialisme ». Le moins qu’on puisse dire, c’est que la comble son souhait. Toujours dans ce colloque de la Ligue et dans ce dossier, Halima Bouali, doctorante, n’est pas loin de comparer l’universalisme à un processus d’assimilation. Serge Jakobowicz annonce le principe de séparation du religieux et du politique comme étant une caractéristique des « sociétés dites développées », tout en faisant bizarrement le lien avec le fait que « nous devons résister à l’uniformisation anglo-saxonne portée par la domination des Etats-Unis »... en adoptant une laïcité à l’américaine ? En tout cas, Jean-Paul Willaime, directeur adjoint du Groupe de sociologie des religions et de la laïcité à l’EPHE (Ecole pratique des hautes études), s’abrite derrière des citations pour montrer que le contexte se prête à une évolution vers un modèle de laïcité pluraliste, autrement dit à l’américaine, « entre républicanisme crispé et multiculturalisme débridé ». Enfin, Michel Tubiana conclut sur un mode ramadien : il se veut rassurant en expliquant que personne ne songe à modifier la loi de 1905 mais propose tout de même de revoir son interprétation : « On peut légitimement s’interroger sur la pertinence de la division de la sphère publique et de la sphère privée. »

Précisons tout de même que la Ligue et sa fédération n’ont pas attendu Tariq Ramadan pour tenir des positions plus qu’ambiguës sur ce dossier. Depuis des années, certains avocats de la Ligue considèrent le respect des droits de l’homme des islamistes au Maghreb comme une priorité devant justifier tous les compromis, même avec des fascistes ou des assassins du moment qu’ils étaient emprisonnés ou opposants au régime. En Algérie, la LDH a été l’une des premières organisations infiltrée par les islamistes, au point de prendre systématiquement et sans mesure aucune en faveur des islamistes.

En France, elle se contente d’animer une commission Islam & laïcité servant de cheval de Troie aux concepts anti-laïques en permettant la collaboration entre quelques ligueurs et les élèves de Ramadan. Parmi lesquels Farid Abdelkrim, auteur de Maudite soit la France ? !, un livre dans lequel il rend hommage à Hassan al-Banna (le fondateur des Frères musulmans) et Thierry Meyssan… Pour son livre L’Effroyable Imposture.

Depuis les débuts de cette commission en 1997 (alors hébergée par la Ligue de l’enseignement), les anecdotes s’accumulent relatant des situations où l’équipe dirigeante de la LDH n’est décidément pas à la hauteur de cette institution. Elle qui était jadis un recours pour les humanistes, on la trouve désormais du côté des obscurantistes contre les partisans de la laïcité. Qu’un imam soit inquiété parce qu’il appelle à la guerre sainte et la voilà qui prend sa défense. Lorsque l’imam de Clamart, Salem Chaftar, se retrouve au cœur d’une polémique pour avoir appelé au jihad, Philippe Antzenberg, militant LDH, monte aussitôt au créneau dans la presse pour le défendre : « Je le connais assez bien, et je pense que c’est un imam traditionaliste à l’ancienne, mais en aucun cas un intégriste de combat », déclare-t-il dans Libération.

Jadis bastion des enseignants laïques, l’association flirte avec Une école pour tous et soutient systématiquement les filles souhaitant porter le foulard islamique à l’école, quitte à se battre contre les enseignants désireux de protéger l’école des influences religieuses. Les militants du Comité ornais pour la laïcité, parmi les premiers à s’être mobilisés contre le voile à l’école, en savent quelque chose. Ils n’ont toujours pas digéré la lettre de dénonciation et de menace qu’ils ont subie de la part de la LDH. En 2001, pendant des semaines, ils ont bataillé contre un parent d’élève, Mme Bayrak, qui incitait sa fille à venir voilée en classe et qui a profité d’une carence administrative pour se faire élire déléguée des parents d’élèves. Inquiets de ses positions et de sa prise d’influence, les professeurs ont tenté d’alerter autour d’eux, notamment la LDH, mais sans succès. En revanche, à la demande de Mme Bayrak, la Ligue a écrit une lettre d’intimidation dans laquelle elle met en garde le proviseur du lycée contre la tentation d’interdire le port du voile au nom du règlement intérieur. Elle menace aussi de porter plainte pour racisme contre les enseignants en question !

Que la Ligue des droits de l’homme ne partage pas l’inquiétude de ces professeurs, on peut le comprendre, mais de là à envoyer une lettre les accusant d’être racistes auprès de leur employeur, sans même les avoir appelés ou tenté de discuter avec eux, beaucoup de ces professeurs – jadis proches de la LDH et militants de la FSU – ne l’ont toujours pas digéré.

Un militant proche du Planning familial de Montpellier se souviendra également longtemps de la conférence donnée par Michel Tubiana sur la laïcité en février 2003. Au départ, les participants n’étaient que 30, principalement des sympathisants de la LDH, laïques. Au milieu de la conférence, le recteur de la Mosquée des Beaux-Arts est entré, suivi de deux femmes voilées. Puis, toutes les vingt minutes, des groupes de deux ou trois filles voilées, parfois accompagnées d’un homme, ont fait de même. A la fin de la conférence, les militants islamistes étaient plus nombreux que les participants du début. Debout près de la tribune, un homme écrivait les questions que les femmes voilées devaient poser puis leur tendait le papier : « Tiens ma sœur, tu poseras cette question. » Beaucoup de précautions pour pas grand-chose car l’orateur, Michel Tubiana, a lui-même défendu l’idée que la loi contre les signes religieux ostensibles à l’école publique servait à défendre des positions racistes. Au point qu’un militant laïque d’origine marocaine s’est senti obligé de réagir : « Monsieur Tubiana, je vous trouve plutôt pessimiste. Il y a du racisme d’accord mais la laïcité française, moi, me convient plutôt. En tout cas, je suis plus heureux de vivre dans un pays laïque comme la France qu’au Maroc. » Une parole qui lui a aussitôt valu une réponse assassine de Tubiana, tandis que les militants islamistes le huaient et le montraient du doigt : « Islamophobe ! Islamophobe ! »

Les tensions entre la direction de la Ligue et sa base sont de plus en plus fréquentes. Le changement de président aurait pu être l’occasion de faire entendre leur voix. Malheureusement, comme au MRAP, la ligne parisienne problématique vient d’être réaffirmée.

Caroline Fourest, auteure de Frère Tariq (Grasset)

Pour avoir plus d'infos sur la polémique LDH

• L'orientation problématique de la LDH confirmée Lire

• Claudie Lesselier démonte les affirmation de Jean-Pierre Dubois président de la LDH Lire

• Réponse de Jean-Pierre Dubois président de la LDH Lire

• Lettre de Claudie Lesselier à Jean-Pierre Dubois président de la LDH Lire

• Déclaration du nouveau président de la LDH Lire

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